Tifanix retourna rapidement à sa cachette après avoir fait sa petite scène au campement des deux voyageurs imprudents. Malgré sa fatigue et l’heure tardive, elle respecta la promesse qu’elle s’était faite et prit le temps de nettoyer, brosser, soigner et chouchouter Zaphira. Une fois son poil luisant, le sable enlevé de ses pattes et ses muscles reposés, la féline se coucha dans le sable chaud et l’elfe se coucha à ses côtés pour profiter des dernières heures de la nuit pour se reposer un peu.
Le lendemain matin, la féline lui donna un coup de langue sur la joue pour réveillée Tif, que grogna puis se redressa péniblement. En jetant un coup d’œil par-dessus la dune, elle aperçu au loin les deux étrangers qui se dirigeait par ici d’un pas tranquille. Surprise, elle jeta un coup d’œil derrière elle pour apercevoir au loin à l’horizon une ligne plus épaisse : les Pics Blancs étaient tout près, enfin. L’elfe soupira, ramassa à la hâte ses affaires en avalant une bouchée au passage puis, se recouvrant de sa cape de camouflage, elle et la panthère filèrent vers le nord vers les montagnes à toute allure.
Elle constata avec satisfaction qu’elles avaient prit une très bonne avance sur les deux voyageurs qui ne semblaient pas trop pressés de toute manière. Elle arriva donc la première devant le but du voyage : les immenses portes de la ville de Minéril.
Comme autrefois, Tifanix ne put s’empêcher de s’arrêter devant la gargantuesque œuvre d’art naine, un sourire accroché à ses lèvres. Les deux pièces de métal qui à cette heure étaient toujours entrouvertes bien que surveillées de près avaient gardés le même éclat qu’autrefois. Il ne manquait aucun des innombrables joyaux extraient à même les mines de Minéril qui la sertissaient à l’origine et on voyait toujours avec netteté les fines lignes de différents métaux très précieux tel que l’or, l’argent et le mythril qui serpentaient entre les pierres précieuses en dessinant de complexes motifs tirés des traditions naines. Il devait y avoir une troupe impressionnante pour l’entretient de l’éclat de cette légende… mais cela en valait définitivement la peine puisqu’aucun voyageurs ne pouvaient passer devant sans rester bouche bée de nombreuses minutes.
En retrouvant l’admiration qu’elle eut autrefois devant ses portes, des souvenirs lui revint à l’esprit… son premier voyage à Minéril, il y a de cela déjà une vingtaine d’années…
*****
Voulant combattre cette solitude d’un mois frais et pluvieux sur les côtes, elle était partie sur un coup de tête vers l’ouest sans savoir ou elle allait réellement. Son voyage avait été très long et elle avait finalement parcourue presque la totalité des terres d’Izildor… mais son séjour à Minéril avait été l’un des plus marquants.
Son ébahissement n’était que plus grand en voyant les portes pour la première fois. Elle était restée planté devant l’entrée pendant de longues minutes, incapables d’en détacher ses yeux, observant les reflets du soleil couchant qui miroitait dans les joyaux de toutes les couleurs. Alors que le jour s’enfuyait pour laisser place à la nuit et qu’ils s’apprêtaient à refermer les portes, un garde nain la sortit de sa transe et elle se décida à entrer.
Les gardes lui jetèrent de drôle de regards lorsqu’elle franchit le seuil de la demeure des nains. Tif ne le remarqua pas, trop absorbée à observer le paysage qui s’offrait devant elle : les maisons taillées à même la montagne tout comme les chemins dans une organisation un peu pêle-mêle mais qui formait une belle harmonie de forme et de diversité. Les torches étaient très nombreuses pour éclairer ce vaste endroit mais il y avait également de nombreuses sources de lumières mystérieuses qui provenaient des parois de la montagne. Intriguée, elle se promit de s’informer plus tard…
Les nains la regardaient toujours un peu bizarrement et agissaient de la même façon avec elle. Tif ne savait pas pourquoi, mais les nains se demandaient bien ce qu’un elfe pouvait bien être venu faire en territoire nain… Plutôt solitaire, Tif ne s’en soucia pas au début, passant ses journées assises sur des plats des parois rocheuses à dessiner les nombreux paysages majestueux qu’offrait la ville de Minéril à de nombreux endroit : les statues des rois d’antan, l’architecture du temple, l’activité au marché… Mais ce qu’elle préférait par-dessus tout dessiner, c’était le puits principal de lumière qui se trouvait tout en haut de la ville : tout comme les autres puits de lumières, de petits tunnels avaient été creusés jusqu’à la surface et des plaques d’un métal réfléchissant avaient été installées avec calculs pour capturer la lumières du dehors et la diriger vers l’intérieur pour éclairer la ville. À la fin de chaque tunnel, une lentille amplifiait l’éclat pour profiter au maximum de chaque rayon de lumière. Ce que le puits principal, celui au plafond, avait de spécial, c’est qu’en plus d’être plus grand, il possédait à sa sortie une lentille différente… Un assemblage de joyaux de nombreuses couleurs taillés en longues pointes formaient comme un oursin multicolore à la sortie du puits, projetant à travers toute la ville de forts rayons de lumières de couleurs différentes. Tif pouvait passer des heures à tenter de reproduire les innombrables reflets des pierres.
Au bout de quelques temps, l’elfe se lassa d’être toujours seule et de pouvoir en apprendre d’avantage sur les nains qu’elle admirait de plus en plus. Elle tenta donc de se rendre utile et proposa un coup de main à tous ceux qu’elle voyait. Mais l’orgueil des nains l’emportait toujours et ils refusaient qu’un elfe doive leur donner un coup de main. Découragée, l’elfe abandonna l’idée et décida d’explorer les endroits plus reculés de la ville un bon matin.
Elle atteignit des tunnels non recommandables où vivaient la population moins éduqués de Minéril. Mal à l’aise, elle continua d’avancer un peu en tentant de fuir les regards mauvais des nains rabougris qui jonchaient le sol des tunnels sombres. Puis soudain, les habitations et les habitants disparurent. Elle n’avait pas vu la pancarte surmontée d’un crâne qui annonçait le domaine des gobelins…
Autour d’elle, une quinzaine de gobelins s’amassèrent. La chair tendre d’une elfe les faisait saliver et ils étaient prêts à tout pour capturer cette proie là. Ils en avaient tellement marre de la viande dure et caoutchouteuse des nains…
Tif aperçut les yeux jaunes qui l’observaient et sans attendre, elle dégaina l’une de ses dagues. Mais devant le nombre d’ennemis, son visage afficha plutôt une expression de panique et elle s’enfuit à toutes jambes vers le centre-ville. Elle passa en trombe devant les nains du quartier malsain en tentant d’éviter les corps au sols, sautant sur les parois des maisons de pierres et grimpant sur les toits. Tout au long de sa course folle, elle tenta de se faire un plan d’attaque : vaincre un nombre aussi important d’ennemis n’allait pas être chose facile.
Juste avant d’entrer dans les bourgs de la haute-ville de Minéril, devant les grandes statues des rois, elle se retrouva dans un endroit assez dégagé et décida de s’arrêter. Elle déposa son sac au sol, retira sa longue cape pour se donner plus d’ampleur de mouvement, laissant ainsi au grand jour sa mystérieuse armure(heureusement qu’elle avait prit l’habitude de mettre un bandage sur son oreille droite pour dissimuler ses bagues…), et dégaina ses deux dagues. Rapidement, les gobelins l’entourèrent en salivant, armes diverses à la main. Tif avait prit une position de combat plutôt étrange qu’un étranger lui avait un jour apprit. Les jambes écartées, les genoux légèrement pliés pour être stable, la dague de sa main droite tenue lame vers le haut pour l’offensive et celle de gauche tenue la lame vers le bas pour la défense. Elle respirait lentement et calmement, concentrée, les sens à l’affût, attendant l’assaut du gobelin le plus aventureux. Celui sur sa droite trépidait d’impatience… Son pied tourna légèrement en sa direction. Ce dernier, n’en pouvant plus, poussa un long cri et se jeta sur elle.
Autour du combat commençait à s’assembler une foule de curieux. La mystérieuse elfe qui depuis plusieurs jours rôdaient comme une ombre dans Minéril s’étaient opposé aux gobelins des cavernes profondes : tous attendaient de voir si elle allait être massacrée…
Masse levée, le gobelin bondit vers Tif et tenta d’abattre son arme sur sa victime. Tif bougea a peine : son corps recula légèrement, la masse du gobelin fouetta l’air et il tomba vers l’avant, tiré par l’élan de la lourde arme. Tif n’eût qu’à lui envoyer un coup de dague dans le dos pendant sa chute au niveau du cou : la créature hideuse s’effondra au sol, inerte. Voyant leur compagnon mort, les gobelins s’enragèrent et se jetèrent à leur tour sur Tifanix. Cette dernière bougea de temps en temps pour éviter des coups, d’autres fois elle donnait un simple coup de dague sur l’arme adverse pour dévier le coup vers un autre de ses ennemis. Rapidement, e4ls plus faibles tombèrent et il resta les 5 meilleurs guerriers gobelins, La foule autour murmurait de plus en plus fort. N’y portant pas attention, Tif eut à peine le temps de reprendre son souffle que les derniers ennemis se jetèrent de nouveau à l’assaut. Tif fit disparaitre ses dagues dans leurs étuis cachées et dégaina sa longue et svelte épée elfique et frappa rapidement pour parer les coups et réussit à en mettre deux de plus au sol. Tif bondit sur la paroi rocheuse près d’elle et grimpa un peu plus haut, là où elle avait l’habitude de se percher pour dessiner les statues des rois. En un éclair, elle rangea son épée dans son fourreau, prit l’arc qui reposait sur son épaule et décrocha trois flèches l’une après l’autre qui mirent à terre les trois gobelins restant. Le silence tomba comme un voile et tous observaient l’elfe. Mal à l’aise, elle tourna la tête et regarda ses choses en bas. Elle aperçu alors l’un des gobelins qui apparemment était encore vivant qui fouillait dans ses choses.
-NON!Elle se précipita vers son sac mais elle fut devancée : Une lourde hache s’abattit sur la tête du gobelin et ce dernier s’effondra dans un bruit sourd, le crâne en miette. Le carnet de dessin que tenait le gobelin tomba au sol lui aussi et une puissante main gantée le récupéra. Le nain massif aux vêtements riches et dont les cheveux crépus étaient ornés d’une mince couronne d’argent examina longuement les dessins des œuvres naines appuyé sur sa hache, les montra à un garde puis lui murmura quelque chose à l’oreille. Le garde acquiesça et parti à la course d’un pas malhabile et lourd puis disparut derrières les statues des grand rois.
La foule s’étaient remise à murmurer. L’elfe se tenait à l’écart, gênée. Le nain lui fit signe d’approcher, ce qu’elle fit. En s’approchant, elle remarqua que son visage lui disait quelque chose… elle leva les yeux vers la statues royale qui semblaient la plus récente : les traits de visage étaient identiques. Son malaise s’amplifia et elle s’agenouilla devant le nain aussi prestigieusement que possible. Apercevant que sa tête arrivait de cette façon à la même hauteur que celle du nain, elle tenta de se baisser encore plus. Au dessus d’elle, un rire rauque et fort retentit. Confuse, elle releva légèrement la tête et aperçut les yeux rieurs du roi. Ce dernier lui tendit la main, l’invitant à se relever, ce qu’elle fit avec hésitation. LE nain prit alors la parole avec un fort accent propre à sa race.
-J’ai beaucoup entendu parler de vous, l’amie!Tif avait de la difficulté à comprendre et lui répondit donc par un petit sourire alors que la foule éclatait de rire. Son malaise ne fit qu’agrandir de plus belle. Le nain lui montra le dessin du puits de lumière principal et l’elfe rougit.
-T’aimes beaucoup notre art on dirait… Tifanix, c’est ça? Étonnant de la part d’une elfe…Tifanix acquiesça et fronça les sourcils mais sourit de nouveau. Elle aurait définitivement dut s’informer sur les nains avant de venir ici… Le roi mit sa lourde main sur l’épaule de l’elfe, presque sur la pointe des pieds.
-En plus, t’est prête à nous donner un coup d’main sans rouspéter, tu porte une armure de fabrication naine pour sûr pis t’égorge des gobelins comme une vraie naine!Rire général. Tif essaya de cacher sa surprise : armure de fabrication naine? Le vieux forgeron qu’elle avait rencontré était donc un nain? Voilà qui expliquait bien des choses…
Le garde revint, essoufflé, et tendit quelque chose au roi en faisant une petite révérence.
-Je suis le roi Athrandor, et au nom du peuple nain, j’aimerais te remettre ceci.Tif se pencha et le roi lui passa une fine chaîne d’argent portant un pendentif. Tif se redressa et l’examina avec attention. Le pendentif représentait une large hache et une masse qui s’entrecroisaient, le tout très détaillés en argent et en mithril sertit de diamants et de saphirs. Les yeux de l’elfe brillèrent devant la beauté du pendentif. Le roi souriait grandement.
-Voici la Masse et la Hache Sacrées qui symbolisent l’amitié naine. Soit en honorée! Très peu ont cette chance!
-Merci infiniment, votre Altesse. Tifanix fit une révérence et les applaudissements ainsi que les rires retentirent tout autour.
-Fêtons cela, l’amie!*****
Tifanix sortit soudainement de ses souvenirs. Elle se secoua un peu puis, jetant un coup d’œil derrière elle et apercevant les deux voyageurs qui arrivaient au loin, elle prit soin de sortir de sous sa tunique le fameux pendentif qu’elle n’avait jamais quitté et qui brillait comme un neuf. Elle descendit de sa panthère et se dirigea vers les profondeurs de la montagne. Elle salua les deux nains d’un signe de tête respectueux qui répondirent de même. Tifanix sourit tout en disparaissant de nouveau dans l’obscurité du tunnel qui menait à Minéril, cette ville si sympathique qu’elle aimait tant (même si parfois, elle trouvait les nains dégoutants).